Un dialogue photographique
Il y a 80 ans, Oradour-sur-Glane était anéantie.
Des 643 personnes assassinées méthodiquement par les Waffen-SS et de l’endroit où elles vécurent, ne restent que des ruines. Et un travail de mémoire dont chacun est dépositaire.
Ce lieu et ce moment, sanctuarisés et offerts aux visiteurs, dérangent et interrogent. Avons-nous honoré la mémoire des victimes ? Avons-nous su conjurer les répliques de l’histoire ? Que nous disent-ils de notre époque ?
Montrer ou regarder les ruines d’Oradour permet de prendre conscience de l’horreur subie par toutes les victimes des soldats du régime nazi, et d’honorer leur mémoire. À travers toute l’Europe, des centaines de fois pendant la Seconde Guerre mondiale, ces atrocités se sont répétées.
Évoquer Oradour, c’est aussi réfléchir sur notre présent. En rappelant inlassablement les crimes commis au nom d’idéaux haineux, chacune, chacun est invité à s’interroger sur son rôle de citoyen et sur sa responsabilité politique.
Maintenir le lien entre Oradour et nous, c’est cultiver la fraternité, c’est résister à la barbarie.
Ce travail, mené à deux, avec Rudolf Rosch a été exposé au Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane en 2024 et au Mémorial de Lidice, république tchèque en 2025.
Oradour, sous le regard des enfants
Adepte de l’errance photographique, Rudolf Rosch s’est porté dans les rues du village en posant un regard introspectif sur les enfants. En les confrontant au chaos des ruines, il leur rend hommage et questionne le futur.
À ceux d’hier, exécutés sans distinction, en transmettant leur mémoire, en faisant connaître leur histoire. À ceux d’aujourd’hui aussi en projetant sur eux une lourde responsabilité, celle d’être un relais de la mémoire. Leurs questions viennent en écho à nos interrogations : » Pourquoi…? ”.
Au grand jour
En montrant Oradour au crépuscule, Floriane Duong suggère la menace de l’oubli et de la banalisation. Elle porte un regard critique sur ce que notre époque a fait du projet initial de conservation des ruines, qui visait à prévenir les résurgences tragiques de l’histoire. En dépit d’efforts institutionnels et associatifs remarquables, le constat s’impose : les héritiers politiques de ce crime prospèrent, le fascisme se redéploie. Et éclipse peu à peu la frêle mémoire de ses victimes.
La nuit qui vient sur Oradour est métaphorique de ce constat. Le titre vient en référence à la mention « Nuit et brouillard » visant les personnes déportées parce qu’opposées au régime nazi.